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Le Rockfest et ma grand-mère

En ce dimanche du Rockfest, je constate que même si j’ai manqué l’édition de cette année, la vie m’a plus que récompensée. À elle seule, ma grand-mère vaut toutes les éditions réunies et ça, ça n’a pas de prix !

Dimanche du Rockfest 2015

En revenant du Rockfest l’année passée, je me suis arrêtée chez ma grand-mère pour la saluer. Shorts en jeans, chemise carreautée, munie de ma sacoche à studs, il y avait sans doute une louche odeur de party qui me collait à la peau, mais mon côté marginal ne l’impressionnait plus depuis déjà bien longtemps. Je suis donc débarquée chez elle, la tête pleine de moments mémorables, que je me suis empressée de lui raconter. Sourire discret aux lèvres, ma grand-maman m’écoutait attentivement, sans dire un mot.

Après lui avoir fait le compte rendu de mon week end à Montebello, j’étais heureuse de lui dire qu’au cours de l’été, j’allais couvrir le Festival d’été de Québec, le Heavy Mtl, l’International des Montgolfières de St-Jean, rencontrer un animateur de radio sur son lieu de travail à St-Jérôme, faire une tournée montérégienne de quelques jours avec mon équipe de Mattv, et pour clore le tout, j’avais décidé de faire un p’tit roadtrip en solo jusqu’à Percé. Après lui avoir énuméré ma liste d’activités, son sourire s’est évaporé et j’ai vu l’inquiétude apparaître dans son regard. Elle m’a dit : « Marie-Hélène, tu t’étourdis. Mais à un moment donné, va falloir te poser. » Elle avait raison. À cette époque, j’étais au beau milieu d’une peine d’amour et je faisais tout ce qu’il m’était possible de faire pour ne pas y penser, pour me changer les idées.

Lors de mon départ, on s’est serrées fort et je lui ai dis : « Ça va aller grand-m’man… », sans trop y croire puisque moi-même, je ne savais pas jusqu’où j’allais me rendre pour oublier. Et ça, ma grand-mère le savait. Je l’ai vu dans son regard alors que les portes de l’ascenseur se refermaient.

1 an plus tard…

Dimanche du Rockfest. Je débarque chez ma grand-mère, il est presque 20 h. Tout comme il y a un an, j’arrive sans prévenir. Contrairement à l’année dernière, j’arrive de Montréal, vêtue différemment. Cette fois-ci, j’ai mon look d’agente d’artistes. Je viens tout juste de finir de travailler. « Travailler » est un bien grand mot, si l’on tient compte du fait que j’ai passé la journée à rencontrer des artistes pour l’agence. J’entre donc chez elle et la serre fort dans mes bras, mais pas trop ! Elle a beau être forte, ma grand-maman de 97 ans s’est un peu fragilisée avec le temps. Assise sur son lit, je lui parle de mon nouvel emploi, enfin dans mon domaine ! Après toutes ces années de dur labeur, je récolte le fruit de mes efforts. Finalement, la vie me confirme que j’ai pris la bonne décision en retournant aux études à l’âge de 28 ans. Qui aurait cru que je passerais de drop out à bachelière !?! Sans aucun doute, ma grand-mère ! Ensemble, on reparle de ma visite de l’année dernière. Émue, je la remercie de m’avoir enligné sur la bonne voie, d’avoir toujours été là, d’avoir toujours cru en moi. Elle m’écoute, elle sourit, ses yeux brillent. Elle me demande : « Marie-Hélène, es-tu heureuse ? » Je lui réponds que oui, les yeux remplie de larmes provenant d’une émotion aux antipodes de celle qui me faisait pleurer l’année passée. Ma grand-mère est maintenant rassurée. Et c’est sur son regard rempli de fierté que les portes de l’ascenseur se sont refermées, glissant entre elles, un « Je t’aime grand-m’man ! »

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